La lecture de la presse juive est très intéressante. On y découvre des textes qui expliquent bien des choses. En mai 2004, ainsi, le rabbi A. Dahan a écrit un article sur le respect et l’amour de l’autre. On lit :
[…] le respect est un devoir et l’amour ne s’ordonne pas, il s’apprend. Il est au bout d’un chemin dont les repères sont le respect. C’est pourquoi la fameuse prescription « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ne se trouve pas dans les dix Paroles, mais bien plus loin dans le Lévitique (Lévitique 19, 18). Les sages corrigent d’ailleurs la transcription de cette mitsva en « Tu aimeras ton prochain parce qu’il est comme toi ». C’est-à-dire : éduque-toi à voir dans l’autre un reflet de toi-même. [1]
Avez-vous noté le glissement subtil ? Le précepte : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » est un ordre inconditionnel ; quel que soit ton prochain, tu dois l’aimer comme tu t’aimes. Point final, il n’y a pas à discuter.
La correction des « sages » introduit une raison à cet amour : tu aimeras parce que… C’est ouvrir
C’est clair : en corrigeant, les « sages » ont anéantit l’immense portée du précepte initial. On n’est contraint d’aimer que ce qui nous ressemble. Pour le reste, on peut haïr…
Dès lors, on peut parfaitement dire : « Nous, nous aimons la vie, la paix et le genre humain. Mais voyez-vous, ceux d’en face, ce sont des barbares. Donc ils ne sont pas comme nous. Donc on peut les haïr et les écraser ».
Telle est la dialectique des juifs et de leurs alliés depuis des lustres. Veut-on un exemple ? Le voici : dans Contact J, Charles Frajlick a écrit que contrairement au racisme anti-arabe qui « ne vise pas l’extermination des Arabes », l’ « antisémitisme est exterminateur » [2]. Voilà pourquoi ceux que les juifs n’aiment pas et qu’ils qualifient automatiquement d’antisémites sont nécessairement des criminels — en puissance ou en acte —, des ennemis du genre humain, des créatures de l’enfer. Sans surprise, les premières victimes de cette dialectique sont les Palestiniens qui luttent contre Israël. Pour C. Frajlick, Yasser Arafat est [était] un « criminel sanglant » ; un « criminel total » (Ibid., p. 10). Le cheik Yassine et Abdelaziz al-Rantissi (deux têtes du Hezbollah éliminées depuis par Israël) menaient une guerre « contre le genre humain » (Ibid., p. 11, col. B). De son côté, Isaac Franco s’interroge :
Rantissi, comme Yassine exécuté le 22 mars [2004], appartenait-il à la communauté des êtres humains, ou était-il le chef enragé d’une meute de mutants assoiffés de sang juif […] ? [3].
Bien qu’il ne réponde pas explicitement à la question, la teneur de son article où il parle des « nazislamikazes » montre qu’il les place dans le deuxième groupe, celui des « mutants ». Notons d’ailleurs qu’I. Franco dénie à tous ces « terroristes » le fait qu’ils puissent avoir du courage (puisque le courage est un sentiment humain). On pense notamment à la jeune mère de famille Hanadi Jaradat, qui s’est fait sauter en octobre 2003 à Haïfa, tuant 21 personnes. Même si l’on considère que son geste est répugnant, on s’imagine aisément le courage qu’il a fallu à cette jeune mère pour, le matin, serrer une dernière fois son enfant dans ses bras en pensant : « Maman part pour ne plus revenir… Adieu, on se reverra dans un monde meilleur. » Mais I. Franco s’élève contre une telle pensée. Il lance :
Le courage, c’est d’affronter la mort en face lorsqu’on la craint, quand on réussit à dépasser la peur qu’elle inspire à toute incarnation légitime de la communauté des hommes.
Mais la défier quand on a été dressé à n’avoir que du mépris pour la vie, n’inspire ou ne devrait inspirer aucune fascination, parce que c’est là la manifestation la plus accomplie de la lâcheté, le courage des lâches.
Le courage, ce n’est pas d’aller à la mort hypnotisé ou enivré par l’amour du néant.
Le courage, c’est, au contraire, de dépasser la peur, de vaincre la réticence d’aller à la mort, une mort qu’on n’aime pas parce que c’est la vie qu’on aime.
Le courage, quand on affronte, nécessairement contraint, la mort, c’est avoir une conscience aiguë, instinctive et culturelle, que la vie est chère, la sienne comme celle d’autrui, que la vie est le bien, le don le plus précieux.
Lorsqu’on n’a que mépris pour la vie, on se retranche irrévocablement de la communauté des hommes et on ne s’honore pas de célébrer le courage ou le martyrologe là où il n’y a que bassesse et vileté.[4]
Pour I. Franco, ainsi, tous les « nazislamikazes » se sont retranchés « irrévocablement de la communauté des hommes ». Dès lors, on ne peut leur reconnaître aucun sentiment humain (au premier rang desquels le courage) et on doit les traiter comme des chiens…
Les Palestiniens ne sont cependant pas les seules victimes de cette dialectique. D’après C. Frajlick, ceux qui, en Occident, les applaudissent, les défendent, les excusent ou les justifient forment une « maffia islamo-fasciste de gauche ou de droite vomie de l’enfer » (Ibid., p. 11, col. C). Ils ne sont donc pas des hommes mais des démons infernaux contre lesquels on ne doit éprouver nul sentiment d’amour ou de respect.
Quant aux nationalistes européens, dès 1948, Maurice Bardèche avait écrit :
Quand ils condamnent le nationalisme, ils savent bien ce qu’ils font. C’est le fondement de leur Loi. Ils condamnent notre vérité, ils la déclarent radicalement fausse. Ils condamnent notre sentiment, nos
Voilà pourquoi eux aussi peuvent être haïs et traités comme des bêtes enragées.
Toute cette haine de la part d’individus qui se prétendent imprégnés « jusqu’au tréfonds de leurs neurones » des principes d’amour s’explique lorsqu’on sait comment leur « sages » ont, par un glissement habile, vidé de sa substance le précepte : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
[1] Voy. Shofar, n° 206, mai 2004, pp. 6-7.
[2] Voy. Contact J, n° 174, mai 2004, p. 11, col. C., p. 11.
[3] Ibid., p. 6, col. A.
[4] Ibid., pp. 6-7.
[5] Voy. M. Bardèche, Nuremberg ou la terre promise (éd. des Sept Couleurs, 1948, p. 54).
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