"Krach !" trompette un journal.
"Lundi Noir", proclame un autre titre.
Cette semaine, nous avons vu les actions s'effondrer dans quasiment tous les fuseaux horaires. En Grande-Bretagne, lundi était la pire journée depuis le 11 septembre 2001, affirme le Financial Times.
"La panique déclenche un plongeon des marchés mondiaux", titrait le journal hier.
Les marchés asiatiques chutaient encore hier matin. En Indonésie, les actions ont perdu 8%. 7% à Shanghai. Les valeurs hong-kongaises ont chuté de 8%. En Inde, il a fallu fermer la bourse de Mumbai après que les valeurs ont perdu 9,8% durant les premières minutes de cotation.
Le plus étonnant, avec tout ça, c'est l'étonnement général provoqué par la chute des marchés. Les gens ne savent-ils donc pas que les actions chutent aussi bien qu'elles grimpent ? Visiblement non...
Nous ne nous en soucions pas, de toute façon. Les lecteurs de
Durant les huit premières années du 21eme siècle, notre Transaction de
Oui, cher lecteur, le sommet du cycle du crédit a été atteint -- il y a probablement neuf mois de ça environ. A présent, nous sommes sur la pente descendante. Le but n'est plus de gagner de l'argent... mais d'éviter les accidents. Attention aux arbres et aux rochers... vérifiez vos freins... attachez votre ceinture... et essayez d'arriver en bas en un seul morceau. Vous pourrez ensuite recommencer à gagner de l'argent. Telle est du moins la formule traditionnelle.
En général, les prix des actifs chutent durant une contraction de crédit ; tandis que les erreurs de la période d'exubérances sont corrigées, la valeur des choses se révèle moins élevée que le pensaient les gens. En termes relatifs, la valeur de l'argent grimpe. Les gens font moins confiance aux business plans, aux taux de rendement anticipé, aux estimations de bénéfices, aux notations et aux instruments financiers sophistiqués... Ils croient bien plus à l'argent, au cash pur et dur.
Mais c'est là que les choses se compliquent. Le cash que connaissent les gens n'est pas aussi pur ni aussi dur qu'il l'était. A présent... il ne fait aucun doute que la secousse boursière va pousser Bush et Bernanke à trouver encore de nouveaux moyens de réchauffer... et d'adoucir... le billet vert. Selon le Wall Street Journal de mardi, de plus en plus d'économistes affirment que la récession qui arrive pourrait être "sévère". Quant au directeur du FMI, il a déclaré que la crise financière internationale était devenue "sérieuse". Comment les politiciens pourraient-ils rester les bras croisés ?
Les exportateurs asiatiques et les exportateurs pétroliers du Golfe ont des milliers de milliards de dollars. Jusqu'à présent, ils ont encaissé le déclin de la valeur du billet vert avec grâce et bonne humeur. Premièrement, ils pensaient que la chute était graduelle et limitée... deuxièmement, ils ont vu que cela leur permettait d'augmenter les ventes en Amérique du Nord. Mais les choses changent. Ils vont s'apercevoir que la classe politique américaine agit avec l'énergie du désespoir... et ils vont s'inquiéter d'un déclin incontrôlé de la valeur de leurs réserves. Et avec les Etats-Unis entrant en récession, ils ne s'attendent pas à voir leurs ventes progresser.
Cela nous laisse à penser que le dollar en particulier... et les devises papier en général... ne sont peut-être pas le cash pur et dur que l'on voudrait détenir. Peut-être qu'avoir de l'or ne serait pas si mal, après tout.
Que se passera-t-il quand les autorités commenceront à travailler le dollar au corps ? Jusqu'à présent, on parle de baisses de taux et de réductions d'impôts. Mais Ben Bernanke a juré de larguer de l'argent par hélicoptère, s'il le fallait, pour écarter une crise à la japonaise.
M. le Marché veut une correction. Les politiciens ne veulent pas en entendre parler. Et jamais auparavant ils n'avaient tant de méthodes et de moyens pour l'entraver -- méthodes et moyens qui dépendent tous de la réduction de la valeur du dollar afin d'encourager l'illusion de prospérité.
Là, nous sentons qu'une petite pause s'impose -- pour clarification. Lorsque les politiciens parlent de "stimuler" l'économie avec des baisses de taux et des réductions d'impôts, ils ne font que parler le langage creux de l'économie moderne. La seule chose qui stimule vraiment une économie de consommation, c'est l'augmentation des dépenses de consommation. Or les consommateurs ne peuvent consommer que s'ils ont de l'argent. La seule chose que les politiciens puissent faire est donc de leur donner plus d'argent à dépenser. Sauf qu'ils n'ont pas vraiment de véritable argent. Ils n'ont que les mécanismes du crédit et de l'inflation -- ils peuvent rendre l'emprunt moins cher, en termes nominaux... et ils peuvent "imprimer" plus de morceaux de papier vert et les distribuer au public. En d'autres termes, la seule chose qu'ils puissent faire, c'est de laisser libre cours à l'inflation, diminuant la valeur de chaque unité monétaire en circulation.
Le billet vert flotte sur les airs ; en théorie, les autorités financières peuvent créer un souffle de vent et le pousser dans la direction de leur choix. Il y a quelques années de ça, quelqu'un comme Paul Volcker aurait résisté ; il aurait conseillé à
Rien n'empêche la destruction du dollar... sinon M. le Marché lui-même.
Tout cela sera sans aucun doute un merveilleux spectacle. M. le Marché d'un côté, les manipulateurs de l'autre. Nous ne savons pas comment cela finira... mais nous sommes relativement certain qu'il y aura du sang sur le tapis avant la fin.
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