22 mars 2003
Ancien banquier, Roger Cukierman a autrefois exercé de hautes responsabilités au sein du groupe Edmond de Rothschild. Il préside le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). Le CRIF, selon son responsable, « rassemble soixante institutions […], soit un tiers des 600 000 juifs de France » (réponse faite à Cécilia Gabizon, Le Figaro, 25-26 janvier 2003, p. 8). On peut donc calculer que cette organisation juive se trouve représenter un tiers de un pour cent des habitants de
Le dîner rituel du CRIF
Chaque année, le CRIF organise un dîner où se pressent, comme sur ordre, de hautes personnalités venues faire acte d’allégeance. Il y a là l’or et le diamant, la pourpre et l’hermine et, si l’on ose dire, le gratin, la crème de la crème et la plus rare galette. On y mange et l’on y boit casher. Il faut y penser, prier et parler casher. Selon le rite, le président du CRIF prononce un discours où il flatte la compagnie et, surtout, l’admoneste. Il y geint sur le sort des juifs de France. Il met en garde contre le retour de la bête immonde et fait entendre qu’il ne tolérera pas la moindre réserve quant à la politique de l’Etat juif et quant au comportement de l’Armée juive en Palestine. Les hôtes acquiescent, battent des mains, en redemandent. Ils promettent et ils ont intérêt à tenir leurs promesses sinon, l’année suivante, plus dur se fera le rappel des engagements qu’on n’a pas suffisamment tenus. Pour commencer, on ne sera peut-être plus invité, ce qui, pour une personnalité politique, signe la disgrâce, puis la chute.
La crème de la crème
Le 25 janvier 2003, le dîner annuel du CRIF a rassemblé plus de cent soixante-dix invités. L’hôte d’honneur a été Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. A ses côtés se trouvaient Christian Poncelet, président du Sénat, premier personnage de l’Etat après le président de
D’anciens ministres, aussi bien de droite que de gauche, étaient également présents comme les richissimes juifs de gauche Laurent Fabius ou Lionel Stoléru et la richissime juive de droite Simone Veil (mère putative de l’Association des faux gazés d’Auschwitz), sans compter de moindres sires comme Alain Juppé, Alain Richard, Olivier Stirn, Jacques Toubon ou de moindres dames comme Edith Cresson ou Corinne Lepage. De nombreux députés des deux bords étaient là, tels François Bayrou, Philippe Douste-Blazy, Jean de Gaulle, François Hollande, Pierre Lellouche, Jean Tiberi, Daniel Vaillant, sans oublier les deux responsables du Parti communiste, Robert Hue et Marie-George Buffet. Des sénateurs, tels Jean-Michel Baylet, Jacques Dominati et Michel Dreyfus-Schmidt, faisaient partie du lot.
Des excellences représentaient l’Allemagne (modèle de soumission aux organisations juives et, pour la communauté juive mondiale, source inépuisable d’argent),
Le médiateur de
Aux côtés du grand rabbin de France, Joseph Sitruk (« Oh ! », nous assure François Brigneau, « c’est un modeste, il en a bien plus ! ») et du grand rabbin René Samuel Sirat (le géniteur de la loi antirévisionniste Fabius-Gayssot) ainsi que de deux grands rabbins de Paris, l’ancien et l’actuel, s’empressaient l’archevêque de Bordeaux, Mgr Ricard, trois évêques (dont Mgr Di Falco et, en représentant de Mgr Lustiger, Mgr Claude Frikart), le secrétaire général de
Le monde de la justice comptait deux prestigieux figurants en la personne de deux juifs de combat : Janine Drai, épouse Grellier, et Pierre Drai. Ce dernier emploie une partie de sa retraite à présider la fructueuse Commission pour l’indemnisation des victimes des spoliations intervenues du fait des législations en vigueur durant l’Occupation. Au dîner, il n’était pas le seul invité dont le rôle est essentiel dans l’entretien de
R. Cukierman flatte, gémit et tonne
Dans son discours, R. Cukierman a flatté, gémi et tonné. Il a, comme l’année précédente, « crié » (c’est là son mot) l’attachement passionné des juifs à
Le couplet final a porté sur le nécessaire soutien de
Il a conclu sur sa fierté d’être à la fois « juif » et « français » et il a clamé sa « solidarité avec Israël ». Il a enfin remercié le Premier ministre de sa présence et de son « attention bienveillante aux questions que nous soulevons dans l’intérêt de
Jean-Pierre Raffarin en redemande
Un seul invité a fait preuve de dignité : le nouveau secrétaire général des Verts, Gilles Lemaire, un néophyte, à vrai dire, de la vie politique. Ne supportant pas l’amalgame « vert-brun-rouge », il a jeté sa serviette, s’est levé de table et a quitté la salle. Les personnalités du gouvernement, toute honte bue, sont restées sous l’avanie, ont applaudi et certaines d’entre elles, par la suite, ont tenu à manifester leur satisfaction. J.-P. Raffarin a remercié avec effusion et déclaré : « Agresser la communauté juive, c’est agresser
« Des personnalités comme Lionel Stoléru et plusieurs patrons que j’ai eus dans ma carrière m’ont ouvert à la culture juive dont j’apprécie la rigueur […]. En allant pour la première fois au dîner du CRIF, j’ai été très heureux de voir là toute la classe politique française, la plupart de mes prédécesseurs Premiers ministres et les représentants de toutes les religions. Il est si rare de trouver des lieux où l’on puisse justement avoir ce dialogue apaisé entre religions et politique » (Le Point, 21 mars 2003, p. 101).
On aura noté l’expression de « dialogue apaisé » pour ce qui, en réalité, avait été le monologue d’un exalté. Seuls, par la suite, des juifs ont pu se permettre d’élever une protestation contre le langage du président du CRIF : Alain Jakubowicz et Rony Brauman, en particulier (Libération, 5 février, p. 2, 17). A une émission télévisée de Thierry Ardisson, « Tout le monde en parle », on a vu, face à face, R. Cukierman et le responsable de
Les rabbins américains et le CJEmènent le sabbat
Les 10 et 11 mars, le Congrès juif européen (CJE) tenait à l’Hôtel de ville de Paris ses deuxièmes assises des « Rencontres judéo-catholiques ». Une cinquantaine de rabbins américains, invités de dernière minute, y sont venus mettre en accusation d’abord le gouvernement français représenté par Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, puis le clergé catholique représenté par le cardinal Lustiger. Les rabbins ont mené le sabbat contre la « trahison » de
Lors de ces deux rencontres, personne ne semble avoir évoqué le plus frappant exemple d’antisémitisme en France : l’agression commise, le 3 janvier, contre le rabbin Gabriel Fahri dans une synagogue du XIe arrondissement de Paris. Tout le gotha politique s’en était ému. Lionel Jospin, Edouard Balladur et bien d’autres seigneurs étaient venus au domicile du rabbin ; les têtes s’étaient couvertes de cendre, de chapeaux et de kippas ; sous les flashes, sous l’œil des caméras, on avait pris les poses et les mines de circonstance ; les condoléances avaient été déchirantes.
Les juifs ne sont pas « comme tout le monde »
Les juifs sont comme « Dieu en France ». Ils règnent. Le fait qu’ils gémissent n’y change rien. Ils n’ont besoin ni de complot ni de conjuration mais de pouvoir crier à l’antisémitisme. Ils sont en place. On les redoute. On leur obéit au doigt et à l’œil. Plus haute la personnalité politique, religieuse ou civile, plus rampante son attitude à l’égard du seigneur et maître. C’est que celui-ci, d’un mot, d’un seul, peut ruiner une carrière, une vie, et ce mot fatal n’est autre que celui d’« antisémite ».
Pour les juifs de France, le monde médiatique est une chasse gardée. Imaginons l’expérience suivante : à la télévision, dès qu’apparaîtrait une personne d’origine juive ou encore dès qu’il serait question d’un juif ou d’une juive, une étoile viendrait s’incruster à l’écran. Nul doute qu’à ce compte l’écran s’illuminerait d’une pluie d’étoiles. Dans tous les foyers de France, le téléspectateur contemplerait en direct
Le droit de décrire les juifs comme ils sont
Pour le juif, écrivait Céline, « jamais trop de vœux, jamais trop de tendres alarmes, de révérences, de genoux fléchis ». Il ajoutait : « On est à la cour à Mammon ». Au « Que sçais-je ? » de Montaigne, le même Céline répondait : « Je sçouais que c’est ‘juivre ou mourir’ » (Les Beaux Draps, p.57). Ce qui est vrai de
Dénoncer l’hégémonie et le colonialisme des Etats-Unis n’implique pas qu’on soit hostile au peuple américain ; d’ailleurs, une frange de ce peuple a conscience de ses propres excès et il admet que l’étranger en fasse la critique. Dénoncer l’hégémonie et le colonialisme judéo-sionistes n’implique pas qu’on veuille du mal aux juifs et, d’ailleurs, une frange du peuple juif, y compris dans la presse israélienne, condamne, parfois avec vigueur, ses propres excès ; mais, à la différence des Américains à l’esprit ouvert, cette frange juive ne souffre pour ainsi dire pas la critique venue de l’extérieur. Ces « Justes parmi les juifs » conservent une mentalité de ghetto et, dès qu’ils entendent un gentil stigmatiser, comme ils le font eux-mêmes, tel exemple de démesure juive, ils crient à l’antisémitisme. Frappé du sceau de l’infamie, le gentil en est alors réduit, le plus souvent, à implorer un pardon qui ne lui sera jamais accordé.
De même qu’il n’y a pas nécessairement de préjugé contre le peuple américain à montrer la démesure (hybris) des Etats-Unis, de même il ne saurait y avoir obligatoirement de préjugé antisémite à décrire, tels qu’ils sont, les pouvoirs et les excès du peuple juif.
Additif du 15 février 2004
Au dîner du 31 janvier 2004, un nouveau record a été battu : le nombre des ministres et secrétaires d’Etat répondant à l’invitation du CRIF a été de 17. Le président du Sénat, Christian Poncelet, et le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, ont évidemment été de retour ainsi que nombre d’autres éminences. Tout ce monde est à nouveau venu manger dans la main de Roger Cukierman qui, une nouvelle fois, a grondé et, encore une fois, a été remercié de ses attentions. Emmanuel Ratier a consacré un remarquable dossier à ce dîner du CRIF ainsi qu’au dîner, le 24 janvier, de
Retenons le constat du Premier ministre de
Additif du 15 février 2005
Au dîner du 12 février 2005, il est venu seize ministres en exercice. En tête figurait Jean-Pierre Raffarin, premier ministre, accompagné, en particulier, des ministres de l’Education nationale, des Affaires étrangères, de
Emmanuel Ratier est revenu sur cette soirée et ces incidents, dans Faits & Documents de la quinzaine du 1er au 15 mars 2005, avec un « portrait » de Roger Cukierman ainsi qu’avec la liste complète des invités.
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