Bien sûr, il y avait eu des alertes. Et plus que cela même, avec la chute de la banque britannique Northern Rock dès septembre 2007, puis sa nationalisation « temporaire » en février. Mais il ne s'agissait encore que d'un petit établissement hypothécaire de quelques milliers de salariés et de quelques dizaines d'agences. Aujourd'hui, c'est le centre même de gravité de la crise financière mondiale qui semble quitter les rives de l'Hudson, et Wall Street, pour gagner celles de
L'américain Citi a bien porté vendredi à 33 milliards de dollars le total de ses dépréciations d'actifs liées à la crise du « subprime », et dévoilé des chiffres trimestriels calamiteux - un produit net bancaire divisé par deux, des provisions de 5,7 milliards, une perte de 5,1 milliards... Mais, par leur ampleur même, ces chiffres ont rassuré. Venant après ceux de Merrill Lynch la veille et les augmentations de capital de JPMorgan Chase et de Wachovia les jours précédents, ils ont donné aux investisseurs le sentiment que l'Amérique avait enfin pris la crise à bras-le-corps et s'était donné les moyens de la juguler.
C'était jusqu'à présent le contraire en Grande-Bretagne, malgré l'accumulation des mauvaises nouvelles. Le coup de froid conjoncturel y est déjà perceptible. De 3 % en 2007, la croissance devrait chuter entre 1,75 % et 2,25 % cette année. Au mieux. L'immobilier, traditionnel moteur de l'activité, s'essouffle. Près d'une transaction sur trois échoue, faute, pour l'acheteur, de décrocher un crédit. Des banques, comme First Direct ou Cooperative Bank, n'octroient plus de prêts aux nouveaux clients, quand d'autres, comme NatWest, ont sensiblement relevé leurs taux.
Ce recul des transactions comme des prix pourrait être particulièrement vif à Londres. D'abord, parce que les logements y sont surévalués de 30 %. Ensuite, parce que les suppressions d'emplois massives annoncées par les banques de Wall Street - 12.400 la semaine dernière, 45.000 depuis le début de l'année - ne seront pas sans conséquences outre-Manche, où elles sont de gros employeurs. Le « Telegraph » estime ainsi à 3.500 le nombre d'emplois qui pourraient y disparaître après les nouvelles coupes prévues ces jours derniers par Merrill Lynch et Citi...
Les banques britanniques elles-mêmes, soupçonnées jusqu'alors de minimiser les conséquences de la crise, paraissent changer de pied. Après l'avoir longtemps refusé, Royal Bank of Scotland s'apprêterait à procéder à une augmentation de capital massive, de 10 à 12 milliards de livres. D'autres pourraient suivre, de Barclays à HBOS. Enfin,
On saura dans quelques jours si tout cela permet de desserrer le garrot qui menace d'étouffer la deuxième place financière occidentale. Ou si, loin d'être finie, la crise se... déplace
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